La Libération de Verson
Témoignage de Monsieur Louis Lallemand, un versonnais âgé de 25 ans en juillet 1944.
Dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet 1944, nous subissons les tirs d’artillerie préliminaires à l’opération Windsor. La vie devenait impossible. Les abris souterrains, tranchées recouvertes de terre, avaient bien du mal à tenir, certaines furent détruites. Le four de la boulangerie était inutilisable.
Dimanche 2 juillet : Sans ordre précis, les habitants commencent à évacuer vers 6 heures du matin et ce, jusqu’à midi. Un calme à ne pas croire : un véritable miracle. A pied, chacun emporte le strict nécessaire. N 175, jusqu’à la limite de Mouen, les postes avancés nous canalisaient vers Cheux. En nous abritant derrière les fossés, nous traversions la plaine entre Mouen et Cheux où étaient entassés des centaines de morts. Le village de Cheux n’était plus qu’un amas de décombres.
Nous nous dirigions vers le Mesnil Patry où nous nous sommes rassemblés. La messe en plein air fut célébrée parmi les batteries d’artillerie. En remerciement de cet exode sans perte humaine, la population fit vœu d’ériger une statue des Vierges dès son retour, statue qui existe dans la rue de la Croix Beaujard.
Pendant ce temps, les préparatifs de l’offensive Windsor s’accélèrent. Le dimanche 2 juillet, une attaque fut lancée à partir de Mouen en direction de Carpiquet et de Verson.
Le Major anglais Young du 7ème Sommerset conduit sa compagnie en longeant la ligne de chemin de fer jusqu’à la gare de Verson. A partir de cette base, des patrouilles s’enfoncent dans les rues. Quelques Snipers, cachés dans le clocher, sont délogés à coup de Piat (arme antichar). Le Major Young effectue une reconnaissance jusqu’aux Jumeaux. A cet endroit, une section d’infanterie, tombée sous le feu de mitrailleuses allemandes, doit se replier rapidement. Pendant ce temps, la position principale est soumise à un lourd bombardement d’obus et de mortiers.
Lundi 3 juillet : Le major Young reçoit l’ordre d’occuper Verson avec des chenillettes, des mortiers et des canons antichars. Le but était de former une position de défense pour protéger le flanc gauche de la tête du pont. L’avance est appuyée par un important barrage d’artillerie en dépit de l’opposition de chars et de 88 mm tirant depuis la hauteur de Carpiquet. A la suite de cette action, le lieutenant-colonel Lance ordonne dans la nuit de 3 au 4 juillet aux trois autres compagnies d’occuper le haut de Verson.
Fontaine-Etoupefour libéré, les canadiens commencèrent leur attaque sur Carpiquet à 5 heures du matin.
Verson sera définitivement libérée dans la nuit du 8 au 9 juillet par la 43rd Wessex Division.