Les 90 ans du Président Senghor
Le mercredi 9 octobre 1996, Monsieur le Président Léopold Sédar Senghor a eu 90 ans. Oriflammes et poèmes dans les rues de Verson ont décoré la commune et encadré les manifestations prévues.
Hommage Versonnais
Le 9 octobre, rassemblement de tous les versonnais qui ont désiré témoigner au “plus illustre” d’entre eux leur estime chaleureuse, à 11 h devant I’Espace Senghor. Nous avons présenté, tous ensemble, une aubade à Monsieur Senghor (musique, banderoles, Iâcher de ballons, lecture de poèmes …) et célébré l’événement par une fête apéritive sur la place Senghor.
Hommage régional et africain
Le 11 octobre à 20 h 30 concert à la salle multi-activités des artistes africains :
- Sally Nyolo, musiques et rythmes du Cameroun
- Roger Wango et Zama, groupe Reggae bien connu à Verson
- et les Daara’j, jeunes rappeurs Sénégalais
Ce concert “fête Africaine” a été organisé par l’association Angata (dont le but est de promouvoir les échanges sanitaires et culturels entre la Basse-Normandie et la deuxième région du Mali), avec le concours du producteur de spectacle Benson Diakité, journaliste-chroniqueur sur Radio-France International.
Hommage national et international
- le 9 octobre à ]oal (lieu de naissance du Président), à Mexico, aux Etats-Unis, et en bien d’autres endroits du monde
- les 18/19/20 octobre à Paris : hommage solennel organisé par I’UNESCO, sur le thème “Léopold Sédar Senghor, I’Afrique, le Monde et le Siècle”. De hautes personnalités politiques, intellectuelles et artistiques ont participé à une cérémonie solennelle le 18 octobre, qui a été suivie les 19 et 20 octobre par un colloque encadré par d’éminents spécialistes de différentes régions du monde
- le 21 octobre à Verson : de nombreuses personnalités, ayant participé aux réceptions de I’UNESCO, sont venues dans notre commune. Accueillies à la mairie de Caen pour le repas de midi, au Conseil Régional pour le dîner, elles étaient à Verson en fin d’après-midi pour les témoignages officiels et des spectacles présentés par I’UNESCO.
Discours de Jean-Claude Raoult, maire de Verson de 1983 à 2001
Normandité et renom de Verson
Il était une fois – le 9 octobre 1906 très exactement – naissait au pays des belles signares, un fils de Lion, celui qui ne connaîtra jamais la honte.
Que l’on soit blanc ou noir, maghrébin ou amérindien, les joies de la paternité et les douleurs de la maternité sont les mêmes sous tous les cieux : une naissance ordinaire donc à un détail près : une fée qui le rendra plus tard Immortel veillait déjà sur son berceau.
II connut ainsi sept ans de vie libre et sauvage avant une prise en main par de grands barbares blonds qui lui apprirent que ses ancêtres les gaulois habitaient des huttes en bois.
II retenait avec la même facilité, la plus grande, les leçons du sorcier ou celles de I’exorciste, s’exprimait sans difficulté dans plusieurs langues, même des langues mortes : mortes, donc inutiles, sauf peut-être pour savoir que, selon Hérodote, les Egyptiens avaient la peau noire et les cheveux crépus.
Plus inutile encore, il aimait sa grammaire, d’un grand amour gratuit, au point d’en devenir agrégé. Toujours est-il que cette grammaire lui permit de découvrir “des paroles plaisantes à l’oreille”. Il les voulut également “plaisantes au coeur” et il devint poète. C’est alors qu’il prit pleinement conscience des choses de la vie : la différence entre les hommes, la diversité des émotions, le poids de la mélancolie et de la solitude, le charme de la beauté, la joie de I’amitié. A exprimer tout cela, il se fit chantre de la négritude. Mais plus fourmi que cigale, bien que fils de Lion, il décréta : “ma négritude est truelle à la main”. Et, truelle à la main, il construisit un escalier qui lui permit de rejoindre les plus grands de ce monde : beaucoup I’admiraient, certains le craignaient, tous le respectaient. Parfaitement admis comme un des leurs, il les abandonna pourtant un beau jour, de son propre chef, pour se retirer dans un hâvre de paix, petit village sans nom, devenu de ce fait petite ville de grand renom : Verson.
Pour qui cherche la clé de ce mystère, il faut savoir qu’un Africain est plus sensible à I’émotion qu’à la raison : le lyrisme lui est naturel. A épouser une normande, il acquiert la lucidité. Ce lyrisme lucide s’appelle normandité, qualité redoutable, quand assumée par un fils de Lion, renommée mémorable.
Pour sa commune d’accueil, Verson.
Pour fêter cet heureux avènement, enfants de Verson et d’ailleurs entendent chanter en chœur :
Joyeux anniversaire, Monsieur le Président